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pumpernickel

commentaires satiriques de l'actualité wissembourgeoise

quelques mots

“– Mais tu n’écris plus rien sur ton blog !
Longue conversation ce samedi avec l’un des colistiers de l’autoproclamé “chef de l’opposition” à la table d’un bistro où nous avons nos habitudes hebdomadaires. Tout y est passé sur l’ambiance actuelle et passée au conseil municipal, sur les projets des uns, ceux qui disent qu’ils vont raccrocher les gants, et des autres, ceux à qui l’on prête de grandes ambitions, sur une histoire de la commune que chacun a tendance à écrire à sa façon, sur l’engagement public de la parole des élus, sur la situation sociale, sur le “partage des responsabilités” entre une envahissante communauté de communes et une commune réduite à la portion congrue, en fait sur les méthodes employées qui l’emportent largement sur les décisions le plus souvent prises sous la contrainte des règlements et des événements.

Oui, c’est bien vrai que ce blog est étrangement silencieux, surtout si l’on compare avec l’ébullition de l’an dernier quand se dessinait les contours du projet, avorté, d’un président du conseil régional toujours à la recherche d’une idée pour démontrer son existence sur un échiquier politique en décalage total avec le quotidien des citoyens ordinaires. Les raisons sont bien connues, elles sont d’abord personnelles, et à cela, on ne peut rien. Mais il y a aussi cette lassitude du rôle de perpétuel pourfendeur des turpitudes d’élus qui n’en font qu’à leur tête, piétinant les maigres engagements qu’ils ont pris alors qu’ils étaient candidats, ou bien refusant de dépasser leur orgueil en reconnaissant qu’ils se sont trompés. À quoi bon perdre son temps à, de fait, valoriser ceux qui font semblant de se dévouer au service d’un intérêt invariablement général ? Quand donc d’ailleurs cesseront-ils de l’invoquer à tout bout de champ, alors que c’est de bien commun et de projet collectif dont il faut parler ?

Ce n’est pas le spectacle désolant des séances du conseil municipal qui peut redonner le moral : tout n’y est que formalisme sur fond de rancœurs, de haines recuites et de frustrations mal assumées. Espace de règlement de comptes, tribune dérisoire où les discours relèvent plus du prurit que de la réflexion, il ne s’y dit rien, les uns, majoritaires, choisissant le silence qui les met à l’abri de la disgrâce, les autres, minoritaires, reprenant en boucle des démonstrations filandreuses. La proximité des prochaines échéances donne à cette assemblée un semblant d’attrait. Il est bon de s’y faire voir ou remarquer, de préférence accompagné, histoire de donner un semblant de densité à des candidatures qui, par ailleurs ont la particularité commune de n’être adossées à aucun programme, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. On touche là le point sensible de la contradiction, puisque les élus ne le seront que sur leur personne au lieu de l’être sur leurs idées quand ils en ont ou sur leurs convictions quand il leur en reste. On aboutit par conséquent à la personnalisation du pouvoir, et à l’absence de recul de ce dernier quand il est en butte à la contradiction. Il peut alors invoquer l’attaque ad hominem pour un oui pour un non et surtout pour un peut-être et s’engager, comme dans le passé, dans l’ornière de l’aventure judiciaire où celui qui a l’initiative est rarement gagnant, surtout quand c’est le fort qui prétend terrasser le faible.
Pour en revenir aux effets de manche mensuels qui nous sont infligés, on a parlé en d’autres temps de factum verbeux pour qualifier ces envolées lyriques insignifiantes qui servaient de cache-sexe au vide intellectuel. On n’en est pas vraiment loin quand les uns prétendent répondre aux autres, se la jouent “maître d’école” en voulant siffler d’improbables fins d’on ne sait quelles récréations alors que les vraies questions, les essentielles, souvent vitales pour bon nombre de nos concitoyens, sont systématiquement évacuées. Que dire de ces interminables duels à propos de la dette réelle ou présumée de la commune alors que se préparaient des charrettes de licenciements face auxquelles on se fend d’un pathétique soutien moral vide de sens qui résonne comme en écho à celui qui se dit “très solidaire avec les familles qui seront impactées” [ en profitant au passage pour faire trois fautes de français en huit mots, une sorte de record en somme ] répondant, mais le sait-il, à l’autre qui, en d’autres temps, “exprimait son expression” dans une lettre qu’il n’hésitait pas à publier dans son journal de propagande municipale, ajoutant qu’il avait “une pensée pour les 181 employés qui devront changer d’emploi”. Si ça ne s’appelle pas faire preuve de compassion, on n’y comprend rien. À l’époque, Pumpernickel envisageait que la prochaine fois il suggérerait une suggestion, proposerait une proposition ou lirait une lecture. On y est presque !
Ce qui est la réalité, c’est que pendant que se livrent des combats ridicules, on met à la porte des ouvriers qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes, sans ménagement, avec de vagues promesses de reclassement qui n’engagent que ceux qui ont l’imprudence d’y croire.

Autre point de cette conversation autant surprenante [ était-il en service commandé ? ] qu'inattendue, les bonnes manières au conseil municipal où il est de bon ton de ne pas froisser la susceptibilité de celui qui en a la présidence. On ignore comment ça s’est passé avec le précédent, mais cette fois on sait que si le maire est le maire, c’est avant tout aux autres qu’il le doit, ayant été absent de la scène politique et sociale locale de longues années durant lesquelles ces autres à qui il doit tant se sont relayés pour assurer le porte-parolat d’une petite moitié de l’opinion désignée comme opposition. À ce titre, celles et ceux qui ont essuyé les coups, dû encaisser les attaques, tenu allumée la flamme souvent fragile de la diversité démocratique ont mieux à entendre que ces déclarations péremptoires, autoritaires et caporalistes de celui qui a si peu de mémoire. On ajoutera que sans mémoire, il n’y a pas d’avenir ! Donc il paraît que ça discute fort entre les différentes sensibilités qui seraient représentées à la table des vingt-neuf. On ne demande qu’à le croire, mais, a-t-il été fait remarquer, la seule intervention qui vaille, pour un élu, c’est celle qu’il fait en public, de préférence au sein de l’assemblée dans laquelle il siège. Tout le reste, les confidences, les impressions, l’épanchement de l’âme au hasard d’une conversation privée, qui alimentera la rumeur ou la parlotte, on s’en moque intégralement. Et force est de constater qu’il est aussi difficile aujourd’hui qu’il l’était hier d’obtenir que toutes ces personnalités se laissent enfin aller à dire réellement ce qu’elles pensent, quelles qu’en soient les conséquences, réelles ou présumées. Il y a eu quelques courageux lors des précédentes décennies, de bords opposés, qui n’ont pas hésité à simplement donner leur avis qui n’était pas celui du courant dominant, il convient de leur rendre d’autant plus hommage qu’ils n’ont pas été nombreux.

Est venu ensuite la question de savoir si Pumpernickel allait oui ou non la sortir, comme tous ces autres qui n’ont rien à nous dire, sortir cette liste que tout le monde attendrait. La question est-elle là, récurrente, sexennale, accompagnant cette période de brame électoral censé remplacer la démocratie au quotidien, avec ses débats, ses combats, ses affrontements, mais aussi ses compromis entre personnes majeures et responsables qui savent que reconnaître une insuffisance ou une lacune ne signifie pas se renier ? Devons-nous accepter ces mises en demeure émanant de ceux qui ont été, à l’instar de l’interlocuteur de samedi, trois fois candidat d’un côté et deux fois de l’autre, gage sans doute de constance politique ? Est-il également inimaginable que tel qui est allé trop loin il y a quelques années fasse un pas vers l’autre, montrant qu’il a compris la leçon et qu’il sait mettre sa suffisance au vestiaire ? Cela manifesterait la volonté, cent fois annoncée et cent une fois remisée, de faire de la politique autrement, en accordant, et pas seulement aux thuriféraires, l’a priori de la bonne foi. On en est manifestement bien loin, avec des pratiques de secret, d’exclusion, de mise à l’écart, de systématisation de la pompe à vide actionnée de toutes parts pour isoler, neutraliser et détruire toute velléité d’objection.

Avec tout ça, pourquoi se prendre la tête à rendre compte d’un conseil municipal [ rappelons que l’exercice prend quelques heures pour peu qu’il soit fait avec un peu de sérieux ] alors qu’il n’en sera tenu aucun compte, sauf pour, le cas échéant, apostropher un public dont on sait qu’il est interdit de parole. Que dire de ces paroles entendues adressées à ce public silencieux taxé de malhonnêteté intellectuelle, même quand c’est la justice administrative qui lui donne raison ? On voudrait décourager le citoyen de contrôler la parole de ses élus que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
En complément il y a l’électroencéphalogramme plat de l’action municipale entretenu depuis quelques mois, histoire de laisser passer l’orage et de se refaire une sorte de virginité politique en apparaissant comme un personnage changé, renouvelé, nouveau, propre sur lui, bien décidé à faire durant les six prochaines années ce qu’il n’a pas voulu entamer les six précédentes, au nom de cette expérience du premier mandat qui serait nécessaire à l’exécution du deuxième. On en aura sans doute un aperçu lors de la prochaine cérémonie rituelle de la fin décembre. Donc comme il ne se passe rien, pourquoi perdre son temps à l’écrire ?

Il est lamentable d’en arriver à la conclusion que ceux qui occupent le terrain politique ne doivent pas aimer la commune qu’ils régentent plus qu’ils ne la gouvernent ou l’administrent. Serions-nous les seuls à aimer vraiment notre ville pour ne plus supporter la défiguration de son entrée, les abandons successifs, les clans, les politiques hasardeuses ou les anathèmes ? Quand ce ne sont pas les contre-vérités ! En effet, ces fameux emplois créés sur une ancienne zone artisanale, où il y a si peu d’artisans, ne sont en fait que déplacés, quand ils ne vont pas signer l’arrêt de mort d’autres activités déjà existantes. Le nier relève du sophisme et doit être traité comme tel.
On reste interdit de perplexité en devant constater que loin de servir la ville, ceux à qui nous avons eu la maladresse d’en confier la charge s’en servent comme d’un tremplin pour accéder à d’autres charges, plus prestigieuses sans doute, merci pour nous, mais qui les éloignent un peu plus de nous. Nous avons eu déjà l’épisode du précédent qui a voulu ajouter la commune à sa couronne de conseiller général, voilà que l’actuel a voulu faire l’inverse après avoir été tenté par un mandat de conseiller régional. Peut-on dire que toute cette énergie gaspillée dans des futilités n’a pas été consacrée à étoffer le tissu industriel local en installant ces industries que l’on n’invoque que lorsque tout va mal, pour faire croire que l’on a encore des idées. C’était en 2008 qu’il fallait se remuer pour installer cette usine de capteurs solaires thermiques qui ferait maintenant la richesse de Wissembourg. Et ce ne sont pas les suppliques qui ont manqué, perpétuellement sans réponse.
Il est vrai que l’on ne peut pas tout faire en même temps, le plus et le moins, le bon et le mauvais, l’eau et le feu. L’épisode du regroupement des cycles des écoles primaires a donné une idée des capacités à brouiller les cartes et à dresser les uns contre les autres. On est tout de même parvenu à diviser, à fractionner, à disloquer comme jamais les autres n’y étaient arrivé ! Du vrai travail de dentelière qui ne faisait que préfigurer ce qui allait advenir avec la saga des rythmes scolaires et de la semaine des vingt-quatre heures de classe réparties sur neuf demi-journées. Mettant toute sa capacité d’inventivité, la municipalité est parvenue à faire du mercredi matin un sujet de discorde, remettant en selle les vieux chevaux de retour que l’on aurait préféré oublier. Pour rester dans la métaphore, c’est du point d’Alençon !
Tout cela vient après ces errances immobilières touchant à peu près tous les pans de la commune, construisant ici ce que l’on détruit là, s’en remettant à tous ces bureaux d’étude pour nous expliquer que le blanc est noir et qu’il fait jour la nuit. Mais depuis quelque temps, tout est calme, l’attention s’est déplacée vers la lisière occidentale de la commune dite associée, et c’est ça qu’il faudrait commenter ?

La conversation a fini par se terminer sur une sorte de statu quo, celui qui venait aux nouvelles faisant chou blanc [ rien de nouveau sous le soleil ] puisqu’il n’a rien entendu d’extraordinaire qu’il ne connaissait déjà sans doute. A-t-il pour autant été vraiment rassuré quant à l’avenir, on ne sait trop.

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