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pumpernickel

commentaires satiriques de l'actualité wissembourgeoise

Monsieur A. Kaspi, la mémoire et la "révolution nationale"

Stupéfaction ce 10 novembre 2008, alors que l’on commémore le pogrom de la Nuit de Cristal, lorsque j’entends le prestigieux Monsieur A. Kaspi, historien français, né à Béziers le 15 octobre 1937, membre du CNRS, agrégé d’histoire, docteur depuis 1969 pour une thèse sur le concours américain à la France entre 1917 et 1918, spécialiste de l'histoire américaine dès lors et professeur à Paris I. Cette sommité dont l’un des anciens élèves dit garder de trés (sic) bons souvenirs de bon travail et de réussite […] car il a, pense cet admirateur, forgé dans [son] esprit, de la synthèse, du courage et la volonté du travail bien fait. Et de continuer dans la flagornerie  béate : "Merci encore et je bois vos paroles dès que je vous écoute à la tv."

Et que dit notre homme, chargé par ce gouvernement, à l'évidence un gage d’indépendance d’esprit faut-il le préciser encore ? Citons-le !
"Les commémorations publiques ou nationales sont trop nombreuses. Elles atteignent aujourd’hui le nombre de 12, engendrant une désaffectation et une incompréhension de la part d’une très grande majorité, un affaiblissement de la mémoire collective, et des particularismes qui vont à l’encontre de l’unité nationale. Alors, s’agissant des dates, ce que je propose, […], c’est que 3 dates devraient faire l’objet d’une commémoration nationale : le 11 novembre pour commémorer les morts du passé et du présent, le 8 mai pour rappeler la victoire sur le nazisme et la barbarie, et le 14 juillet qui exalte les valeurs de la révolution nationale [c'est moi qui ai souligné], le tout étant intégré dans le processus de la construction européenne. Mais, je n’ai jamais demandé à ce que d’autres dates ou commémorations soient supprimées. […] Les autres dates deviendraient des commémorations locales ou régionales revêtant de temps à autre un aspect exceptionnel comme ce qui le cas en 2004 pour les débarquements alliés de 1944. […]
Madame C. Servajean, la journaliste : "Mais vous n’avez pas l’impression que des gens vont estimer que si on supprime certaines en tant que commémoration nationale, forcément cela va faire des mécontents, ils vont avoir l’impression que leur histoire, leur passé, est peut-être moins important que celui des autres, vous en êtes conscient ?"
Monsieur A. Kaspi, historien français, né à Béziers etc. : "Oui, j’en suis conscient, bien entendu. Mais vous savez, dès qu’on touche à la mémoire nationale, c’est une levée de boucliers, c’est tout à fait normal. Cela dit, il s’agit cette fois-ci de renforcer la conscience de l’unité nationale, que la France constitue un tout, et que c’est tant pour les populations qui sont installées en France depuis très longtemps que pour celles qui sont un peu plus d’origine récente. […] Il est nécessaire d’avoir un véritable ciment qui ne peut reposer que sur quelques commémorations. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans les autres pays où il n’y a pas autant de commémorations nationales que nous en avons."

Puis il part sur la seconde partie de son rapport dans lequel il propose d’inventer des formes nouvelles de commémorations qui contribueront à transmettre la mémoire des grands événements de notre histoire. "Il faut  donner une plus forte ampleur au tourisme de mémoire, inciter les établissements scolaires à mettre au point des projets pédagogiques [on sent le type bien au courant de ce qui se passe dans les écoles, ndlr], préparer des programmes à l’intention de la presse, et ne pas tout attendre de l’état central. Chaque collectivité territoriale doit tenir une place primordiale, car c’est de ces collectivités que partiront les initiatives les plus novatrices. C’est elles qui mettront sur pied des journées de la mémoire, adaptées au lieu, chacune d’elles peut apporter sa contribution à la sauvegarde de la mémoire nationale."

J’ai retranscris le reste de son intervention parce que pour un personnage de cette envergure, il aurait été dommage de vous faire grâce de ses contradictions et de ses non-dits.

Il m’est insupportable d’entendre quelqu’un que l’on dit historien ne pas se reprendre quand il profère de telles énormités. A moins que pour lui, révolution française et révolution nationale, ça veuille dire la même chose, ce que je ne crois pas, du moins si on écoute bien son propos suivant.


Il m’est insupportable de ne pas entendre un ou une journaliste faire immédiatement remarquer à Monsieur le Professeur qu’il vient de dire quelque chose de grave. A moins que Madame C. Servajean en sache si peu sur la question qu’elle n’éprouve pas le besoin de faire rectifier son prestigieux invité.


Comme il m’est insupportable d’entendre parler du chef de l’état français quand on devrait dire Monsieur le président de la République (française).


Le pire pour tous ces faiseurs d’opinion, c’est qu’ils veulent nous apprendre l’Histoire, et qu’ils se disqualifient en écrivant, ou en faisant écrire, des rapports qu’ils sont incapables de commenter convenablement.


Pour mémoire, puisque le mot est à la mode, je vous livre ce que l’on peut lire sur la révolution nationale.

La Révolution nationale (RN) est l'idéologie officielle du régime de l’Etat français mis en place par Monsieur P. Pétain en juillet 1940.

Ses principes sont une adaptation des idées de la droite nationaliste de l'époque à un régime de gouvernement « de crise » :

confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs. Les Actes Constitutionnels rédigés le 11 juillet 1940 par Philippe Pétain lui attribuent « plus de pouvoirs qu'à Louis XIV » (selon un mot de Pétain rapporté par son chef de cabinet civil, Henry Du Moulin de Labarthète) y compris celui de rédiger une constitution

rejet du parlementarisme et du multipartisme

corporatisme avec l’établissement de la charte du travail (suppression des syndicats remplacés par des corporations par branches d'activité, suppression du droit de grève)

stigmatisation des responsables supposés de la défaite : le Troisième République, le Front populaire, les communistes, les juifs, les francs-maçons, tous considérés comme des traîtres à la Patrie

antisémitisme d'État. Au nom de la limitation de l'« influence » des Juifs, ceux-ci sont exclus de la Nation et ne peuvent plus travailler dans l'administration ; un numerus clausus limite drastiquement leur nombre à l'Université, parmi les médecins, les avocats, les cinéastes, les métiers des arts et des spectacles, ou encore dans la banque, le petit commerce, etc.. Bien vite, la liste des métiers interdits s'allongera démesurément. On estime qu'en moins d'un an, plus la moitié de la population israélite de France sera privée de tout moyen de subsistance

cohésion de la société, chaque classe sociale étant censée être solidaire des autres afin de maintenir l'ordre social ("organicisme")

apologie des valeurs traditionnelles : la devise de l’Etat français est Travail, Famille, Patrie

rejet du modernisme culturel et des élites, politique du retour à la terre [ qui ne ment pas, elle ! ] qui n’aurait  convaincu que 1 500 personnes (!)

culte de la personnalité : le portrait de Monsieur P. Pétain, omniprésent, apparaît sur les monnaies, les timbres, les murs des édifices publics, ou en buste dans les mairies. Une chanson à sa gloire devient l'hymne national officieux. La soumission inconditionnelle au Chef et à la hiérarchie est exaltée

Je ne savais pas que c'était tout cela que je fêtais le 14 juillet, vous non plus sans doute.

transmis à Madame C. Servajean
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