Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
pumpernickel

commentaires satiriques de l'actualité wissembourgeoise

Les usagers sont de retour !

Les usagers sont de retour !

L’une des vertus, et non des moindres, des jours de mobilisation sociale, c’est la redécouverte par tous les chantres du bonheur libéraliste de ce substantif pourtant banni de leur vocabulaire quand il s’agit de nous lessiver le cerveau avec leurs inepties servies pour nous convaincre, de force, qu’ils ont raison de faire leur bonheur en faisant notre malheur. Vous l’avez reconnu, il s’agit d’une sorte de rescapé de ce qu’ils haïssent au plus haut point, dinosaure ou mammouth, vestige dont les derniers contours se perdent dans l’éther de, mais quelle horreur, ce que l’on appelait “ l’état providence ” ! Oui, ce sont bien ces “ usagers ” qui sont le plus souvent “ pris en otages ” par des irresponsables, le plus souvent syndiqués, oui, ça existe encore ! Et ces malheureux sont alors contraints de répondre aux questions idiotes que quelque “ journaliste ” dont on ne parvient à saisir s’il est plus appointé par la place Beauvau ou par tel “ frère de Monsieur le président de la République ”, par ailleurs bétonneur de son état.

Ah, ces pauvres “ usagers ”, que ne subissent-ils pas comme avanies de la part de ce “ peuple de gavés qui passe sa vie à râler ”, comme l’aurait dit un ministre de la République en parlant d’une délégation de parents d’élèves venus lui signifier leur mécontentement.
Le plus souvent, l’usager est indisposé par ces “ grévistes ” qui l’empêchent d’aller au travail, lui, car il ne peut pas se permettre de contrarier son patron. Il n’est pas, lui, comme ces fainéants de “ profs, cette race d'êtres qui se croient supérieurs, qui refont le monde dans la salle des profs, après avoir bossé une vingtaine d'heures dans la semaine et ne parlons pas des vacances, et qui ne se mélangent pas aux petits ” qu’ils méprisent [entre guillemets, c’est la citation d’un élégant courrier que j’ai reçu le 5 novembre dernier, et qui émanait de l’un de ces “ défenseurs des petits ”, sorte de Calimero politique local qui est à l’éditorial ce que la réflexion est au miroir], il doit rendre des comptes, l'usager, il a le sens du devoir
, l'usager, souvent aussi une certaine conception du travail, il adore la famille quand il existe une maîtresse de maison, et serait prêt à tout au nom de la défense d’une patrie qu’il confond avec le nationalisme, ou le régionalisme étriqué.

Mais dès que s’éteignent les lampions de la fête de la grève, notre usager revêt son uniforme, celui qui lui sied mieux que la défense de valeur dont on peut dire qu’il les connaît autant que celui qui ne sait de l’amour que la conjugaison mécanique du verbe aimer [ça, c’est Jacques Brel]. Cet uniforme, c’est celui du client, de celui qui fouine des heures pour dénicher le truc le moins cher, le client qui achètera sa voiture chez un mandataire parce que c’est son intérêt immédiat, qui ira toujours au meilleur prix engraisser la grande distribution et le cas échéant ira même y démarcher quelques pages de publicité pour son journal régional, qui râlera sans arrêt contre le postier et sera prêt à confier sa correspondance à n’importe qui pour peu que cela lui coûte moins cher. Ce client n’a évidemment jamais pris le temps d’écouter Georges Moustaki chanter celui qui venait chaque jour les bras chargé de tous [s]es mots d'amour chez celle qu’il aimait [je vous invite à relire cette belle et simple chanson “ le facteur ”, qui est mort à l’âge où l’on n’est pas sérieux, là, c’est Arthur Rimbaud !].

Pourquoi tout mélanger ? Ben, parce que toute cette journée, on a entendu quoi ? Et on a entendu qui ? Je repensais à Annie Lebrun et au “ rêve général ”, à cette pause qu’il faut faire dans le tourbillon que l’on prétend nous imposer au nom de slogans qui nous ramènent au milieu des années 50, en pleine union soviétique, quand le même genre de phrase creuse [“ travailler plus pour gagner plus ”, “ moins d’état pour mieux d’état ”, “ trop d’impôt tue l’impôt ”, etc.] et autres fadaises est censé nous servir de viatique spirituel.

Et si nous étions simplement des citoyens, des êtres humains, doués de raison, de sensibilité, d’attention aux autres, contents d’être avant de posséder, riches des sourires que nous échangeons, soucieux de rendre heureux ceux qui nous entourent ? Pourquoi pas ?
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article