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pumpernickel

commentaires satiriques de l'actualité wissembourgeoise

Changer d'économie !

Ils sont journalistes, chercheurs, enseignants, ou encore analystes, ils publient depuis longtemps des ouvrages qui font aussi autorité, ils sont souvent engagés dans l'action politique, ils sont en France près de 2.000 qui se sont baptisés "les Economistes atterrés", atterrés devant l'ampleur du cataclysme qui a emporté il y a cinq ans une bonne partie de la richesse mondiale, et devant l'indigence de la réponse qui y a été donnée tant par les dirigeants du monde économique et financier que par les hommes politiques au pouvoir, gauche et droite confondue.

En janvier 2012, un certain nombre d'entre eux publient un livre qui se veut "nos propositions pour 2012", l'affirmation que la résignation devant la crise, devant l'apparente toute puissance de l'argent n'est pas une fatalité, qu'il existe des alternatives.

Au fil des pages et des onze chapitres de ce livre, les auteurs analysent un à un les éléments de leur analyse (politique économique, transformation écologique, fiscalité, protection sociale, (plein?) emploi et place des producteurs dans les entreprises, etc.) et font quelques propositions, ouvrent quelques perspectives de nature à permettre de sortir d'une crise qui n'en finit pas de peser sur la plus grande partie des peuples. Retour à la philosophie du colbertisme et du keynésianisme, action pour une gouvernance mondiale, réforme de l'euroland et de la banque centrale européenne, redéfinition de la sphère marchande, transition énergétique et nouvelle politique des transports, réforme fiscale radicale, etc., il s'agit d'un ensemble de mesures dont on voit bien qu'elles remettent en cause les fondements de nos sociétés – d'où le titre justifié de l'ouvrage.

Il s'agissait de propositions pour 2012. A l'évidence, elles ne pouvaient être reprises par la droite, elles ne l'ont pas été davantage par la gauche qui a préféré s'en tenir à la doxa libérale, comptant sur la chance pour voir s'inverser le cycle apparent (du chômage) pour proclamer qu'aucune autre solution (les dégâts énormes déjà comptabilisés) n'était envisageable.

Il n'empêche. Si ces propositions semblent arriver trop tard, l'analyse qui les sous-tend reste pertinente. Il suffit pour s'en convaincre de lire le dernier chapitre, rédigé par Frédéric Lordon, intitulé l'effarante passivité de la "re-régulation financière". Il y montre à quel point tout ce qui est présenté comme de nature à régler une bonne fois pour toutes la crise encore en cours n'est que poudre aux yeux, faux-semblants et tours de passe-passe. On comprend avec angoisse alors que le pire n'est certainement pas derrière nous, et que ceux qui prétendent régler nos problèmes en sont incapables, voire décidés à n'en rien faire dans le seul but d'avoir raison, même contre toute évidence.

On pourrait, face à un tel tableau et devant l'inefficacité de l'ensemble des gouvernements, céder au pessimisme. Pour les Economistes atterrés, il ne saurait en être question. Honnis pas ceux qui croient aux seules forces du marché, abandonnés par ceux qui devraient leur prêter une oreille attentive, ils ont choisi le combat, au service de la société toute entière.

Il ne reste plus qu'à trouver, dans l'opinion, les relais nécessaires. Ou les faire se manifester, puisqu'ils existent.

Bonne lecture. 

Les Economistes atterrés (ouvrage coordonné par Benjamin Coriat, Philippe Légé, Henri Sterdyniak) http://atterres.org, Changer d'économie !, LLL Les liens qui libèrent.

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