à propos du rallye

À quelques jours de l’ouverture des hostilités, celles qui se font appeler “ les collectivités ” semblent se rendre compte de l’incohérence de leur soutien à ce qu’elles persistent à qualifier de “ manifestation à caractère sportif ”, on parle évidemment de l’étape alsacienne du championnat du monde de rallye automobile. Evidemment, qualifier de sportif un personnage qui s’assied dans un véhicule pétaradant, dépassant outrageusement les règles élémentaires de la prudence, causant pratiquement à chaque édition des victimes à cause de soi-disant inattendues sorties de route ou d’imprévues pertes de contrôle, relève dans la meilleure des hypothèses d’une grande ignorance. Il suffit de fréquenter les sportifs, ceux qui pratiquent une activité physique soutenue pour entretenir leur santé tout en se faisant plaisir, pour en arriver à conclure que ceux qui se font monter l’adrénaline en surconsommant une énergie précieuse n’ont rien à voir avec le sport. Ce sont au mieux de petits égoïstes, égocentrés, jouant avec leur vie et celle des autres, et en tout cas, de bien mauvais exemples. Ils rappellent d’ailleurs dans leur démarche le comportement de ces 150 à 200 pédaleurs qui prétendent pouvoir rouler près de 3500 kilomètres en 3 semaines à plus de 40km/h en ne buvant que de l’eau claire. Dans un cas comme dans l’autre, le sport est bien loin des préoccupations des initiateurs de ce genre de manifestation. Pour s’en persuader, il suffit de regarder ce qui précède le passage de ces mercenaires et que l’on appelle la caravane : une cohorte de mauvais goût dans laquelle “ les annonceurs ” [ c’est comme cela que l’on appelle ceux qui versent des sommes considérables pour faire filmer ces gladiateurs modernes par des chaînes de télévision mercantiles, alors qu’ils n’ont jamais un sou pour augmenter les salaires de leurs ouvriers ] tentent avec lourdeur de nous vendre des produits dont nous n’avons pas besoin.
Pour que tout ce charivari puisse se dérouler dans les meilleures conditions, on n’hésite pas à refaire des routes, à en revoir la signalisation et le marquage au sol, à coloniser des morceaux entiers d’agglomérations pour y installer des villages éphémères interdits au vulgaire, qui sera éternellement cantonné à quelques encablures de ces personnages.
Dans cette organisation, les atteintes à la nature sont presque dérisoires, puisque les sommes dont il est question, et qui sont pour la plupart issues de l’impôt, ne servirons qu’à la promotion supplémentaire d’individus ou de firmes dont l’engagement altruiste reste encore à constater. Les protestations d’écologie des uns, de transport durable des autres, de bilan carbone des derniers n’en sont que plus ridicules. Et quant au supplément de notoriété que la région devrait retirer ce cirque indigne, c’est, et chacun de ceux qui prétendent le contraire le savent bien, de l’ordre de la fumisterie, puisque cet “ événement ” sera effacé par le suivant puisqu’il vient effacer le précédent.
Localement, nous connaissons bien la chanson. À peine élu en 1985, le conseiller général du canton de Wissembourg, et grand amateur de “ course automobile ” a eu la bonne idée de donner le départ de la course de côte qui était encore organisée à l’époque. Sans vouloir remuer de mauvais souvenirs, rappelons que cette “ manifestation à caractère sportif ” a été, elle aussi, le cadre de drames, et on aurait aimé que les autorités, comme elles aiment s’auto désigner, aient la décence et la délicatesse d’en tirer d’autres conclusions que la suppression de cette course de côte. En supprimant par exemple toutes ces “ manifestations à caractère sportif ” sinon dans la région du moins dans le département. Il est possible de promouvoir d’autres initiatives comme le “ SlowUp ”.

Ni épreuve chronométrée, ni règlements à respecter sauf celui de suivre le sens du parcours, le SlowUp séduit chaque année un plus grand nombre de participants. Les raisons de cet engouement ? Son ambiance décontractée puisqu’on peut y participer quel que soit son âge, tout comme se joindre à la joyeuse bande n’importe où sur le parcours, pour quelques centaines de mètres, dix kilomètres, ou plus. Peu importe le moyen de locomotion choisi pourvu qu’il ne soit pas motorisé. Une occasion rêvée de découvrir la campagne en famille, entre amis, et de faire de nouvelles connaissances.

C’est tout de même autrement plus sympa que ces espèces de personnages déguisés en hommes-sandwichs, recouverts d’autocollants, dont le seul mérite est bien de rouler à tombeau ouvert là où la vitesse est limitée à 50km/h.