steinbaechel, la poursuite de la reprise, en pire ! – 2

Dans son édition locale, les dernières nouvelles d’Alsace d’aujourd’hui mardi 17 janvier 2012 reprennent l’annonce dont ce blog vous a donné la primeur en y ajoutant une reprise du compte rendu du conseil municipal de fin novembre que ce blog avait commenté de façon préalable. Les informations publiées ce jour méritent tout de même d’être complétées, voire éclairées d’un point de vue qui soit moins institutionnel et normatif.
Point zéro : c’est comme tous les projets qui sont présentés, la réalité ne ressemble jamais à la maquette ! Eh ben, là, c’est pareil, la photo, une fois les 240 logements construits, ça n’aura rien à voir avec ce que l’on vous montre. C’est normal, ça va sans le dire, mais ça va mieux en le disant.
" Rendre à Wissembourg son dynamisme et son attractivité… " : ça commence bien, puisque que quelques lignes plus loin on trouve le premier " volontarisme " qui nous manquait déjà [ on s’autorisera le recours au Robert de base : est volontariste une personne qui croit pouvoir soumettre le réel à ses volontés. Aïe ! ]. Et voilà que débarque un " produire du logement " que le journaliste a bien fait de mettre entre guillemets, puisqu'il est emprunté au dossier, tant cette formulation fleure bon son petit technocrate rompu à tous les exercices d’enfumage. Ça se corse lorsqu’apparaît " l’étude " du" cabinet spécialisé strasbourgeois Aceif " dont les conclusions ont la particularité surprenante de s’adapter précisément aux idées de " la Ville ". Ça tombe décidément très bien, d’autant qu’on nous brosse ensuite le tableau apocalyptique d’une commune en déshérence, en voie de dépeuplement, et, cela n’étonnera personne, où les logements sont rares, inadaptés et évidemment en mauvais état. C’est tout ? Il paraît alors curieux de lire ensuite que 3 000 personnes font chaque jour le trajet pour venir travailler dans cet espace au mieux fantomatique [ on se croirait dans une "village Potemkine" ! ] qu’elles se gardent bien de vouloir habiter tant la vie y est à la fois chère et inconfortable.
Mais de quoi parle-t-on ? Est-ce de cette Wissembourg que nous sommes si nombreux à avoir appris à l’aimer ? Qui peut se reconnaître dans cette description de gravats sur fond de ruines où les annonces immobilières se limiteraient à un site de " bonnes affaires " qui ne proposerait rien d'autre que des rossignols à des prix prohibitifs ? Et surtout, pour qui a un peu de mémoire, au-delà de ces études qui sont à la réalité ce que les sondages sont au suffrage universel, rappelons-nous quelle était la situation il y a 30 ans, quand il était quasiment impossible à un nouvel arrivant de trouver où se loger ! Encore faut-il avoir cette mémoire ! Est-il permis parallèlement de s’interroger sur le niveau de ceux qui pondent ce genre de niaiserie pour dramatiser ce qui ne l’est pas, histoire de donner un semblant de crédibilité à leurs obsessions ?
Vient ensuite le couplet de louanges qui introduit la ZAC du Steinbaechel. Curieusement, le ton a bien changé : le mode est conditionnel, la surface aurait bien été revue à la baisse [ divisée par quatre, 6ha, excusez du peu ! ], le nombre de logements divisé par trois [ on est loin des 500 à 700 logements que Catherine Linder, architecte et paysagiste, se proposait " de construire sur les 25ha traversés par un fossé et une coulée végétale, tout en préservant les vergers et jardins caractéristiques du site de départ des randonnées dans le parc naturel régional des Vosges du Nord ", comme elle le faisait écrire dans le “ cahier détaché N°2 ” de juin 2010 du Moniteur des Travaux publics et du Bâtiment, folliculaire de propagande payé conjointement pas le conseil régional d’Alsace et EdF. Voir article du 28 octobre 2010 ], avec un étalement par tranches compris entre 2016 et 2025. Seulement ?
Et comme pour nous rassurer, on nous confirme que la Pépinière-Gummi Mayer, c’est dans la poche, tout comme le Gumberlé où, à force de dénicher celles et ceux qui acceptent de vendre, on va pouvoir le faire ce fameux lotissement communal.
Au fait, 6ha, cela ne correspond-il pas, peu ou prou, aux terrains laissés à l’abandon le long des voies de chemin de fer ? N’y a-t-il pas là de quoi " produire " tous ces logements dont nous aurions le plus ardent besoin ? Et cela se ferait en réhabilitant une zone [ comme cela commence à être le cas sur les anciens terrains Gummi Mayer ] au lieu de prendre la posture de Jules César, déjà décrite ici le 30 mai 2009 ] en faisant sa fête au Steinbaechel. On y gagnerait tous : la mairie qui montrerait qu’elle est sensible à l’argumentation, les riverains du Steinbaechel qui garderait l’agrément de vie, les futurs habitants qui seraient plus proches de la ville, les Wissembourgeois qui retrouveraient, à défaut de dynamisme et d’attractivité, un semblant de quiétude.
Un dernier mot sur ce " cabinet spécialisé strasbourgeois Aceif " qui a déjà été présenté ici le 25 novembre 2011 : “ Il est intéressant de faire la connaissance du bureau d’études : équipe pluridisciplinaire de 4 personnes qui ne propose rien de moins que d’" écrire les territoires " et de " dessiner la chose publique " et qui, " depuis 10 ans, choisit une approche systémique des problématiques et une approche sensible du terrain tout en étant motivée par l’indépendance vis-à-vis de la maîtrise d’œuvre et des opérateurs privés ". ” C’est sûr qu’on n'a pas le niveau face à des types d’une telle envergure. C’est la raison pour laquelle vous êtes invité-e, chère lectrice, cher lecteur, à vous familiariser avec la novlangue en cliquant sur le lien. Pour vous aider dans vos révisions, vous trouverez ci-dessous les 17 mots de base du discours creux de base du bateleur de base, à mélanger immodérément.

Les 17 mots : habitants, acteurs, diagnostic partagé, interculturel, décentralisation, citoyenneté, proximité, démocratie, lien social, mondialisation, local, partenariat, solidarité, projet, développement, contrat, participation.