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pumpernickel

commentaires satiriques de l'actualité wissembourgeoise

vidéosurveillance à Niederschaeffolsheim

C’était le 9 février dernier. On nous annonçait [ DNA, édition de Haguenau ] l’installation d’un système de vidéosurveillance à Niederschaeffolsheim ; voilà 1 300 habitants qui vont pouvoir apprendre à réfléchir sous l’œil attentif de ce que les promoteurs de ce genre de joujou appellent maintenant “ vidéoprotection ”.

De ce point de vue, Monsieur l’maire a bien appris sa leçon, et manie l’euphémisme avec un brio qu’il convient de saluer. On le comprend, mais sait-il qu’il fait d’abord la bonne fortune des officines spécialisées qui installent, pilotent et entretiennent ces “ équipements ” sur l’efficacité desquels on ne finit pas de s’interroger. C’est le même bouillon que ce qui vient d’être voté par la représentation nationale qui a institué ce qu’il est convenu d’appeler “ le fichier des honnêtes gens ” avec la nouvelle carte d’identité qui va nous faire la totale : sur une puce, l’iris de l’œil, les empreintes digitales [ et non génitales comme l’a confondu l’ancien ministre de l’Intérieur ], plus tout ce qu’il faut pour ne pas nous confondre avec notre clone, et sur l’autre, facultative [ mais il faudra signaler que l'on n'en veut pas, parce qu'elle sera installée d'office ! ] ce qu’il faut pour … faire ses achats [ ! ], sans doute parce qu’il faut amortir l’investissement engagé par les entreprises privées qui s’engraissent au passage. Tout ça au nom de la lutte contre les usurpations d’identité … qui ont concerné un peu plus de 650 cas l’an dernier sur des millions de cartes délivrées ! Parce que c’est ça la vérité.

En fait, et c’est le même problème avec les caméras indiscrètes, la France étant devenue le leader mondial du fichage, on a besoin de montrer aux futurs clients que comme on est capable de mettre 63 millions de citoyens en carte, rien ne s’oppose à faire la même chose dans les grandes démocraties du globe, comme la Chine par exemple, marché très convoité. Il se trouve sûrement quelques députés non soumis pour ne pas avoir voté un tel monstre qui ne manquera pas d’échapper à ses concepteurs.

Mais, le maire du coin, à l’instar de son collègue d’Offendorf, n’a pas ces sortes d’états d’âme. Pour lui, qui est un gestionnaire [ peut-on parler de gérant ? ], constater que  tous les matins, un ouvrier communal "passe deux heures à réparer les dégâts causés  par un groupe de jeunes du village" vaut bien que l’on succombe aux chant des sirènes sous la houlette du "gendarme [ qui ] a fait un diagnostic pour déterminer le nombre de caméras nécessaires, puis [ qui ] a suivi le dossier."

Bon, on est déjà rassuré puisque le maire sera le seul à pouvoir consulter les images, stockées à la mairie pendant deux semaines au maximum. Seulement ?

Là où ça devient intéressant, c’est quand notre homme commence à parler chiffres. C’est bien une sorte de fermier général qui se charge de la besogne facturée 45 000 euros, plus 330 euros par an pour l’entretien, soit 5 600 euros par caméra. Et au cas où il aurait eu encore une toute petite hésitation, le fonds interministériel de prévention de la délinquance lui fait faire une économie de 40% Elle n’est pas belle la vie ? En plus, il n’y a qu’une voiture abimée, dont Monsieur l’maire oublie de nous dire si elle était ou non dans le champ de la caméra. Comme d’habitude, il y a ces esprits chagrins, hostiles à toutes les manifestations du progrès, qui pensent que pour le même prix, on aurait pu agir directement en direction des jeunes, sans entrer dans la répression lourdingue.

Mais au fait, ça sert à quoi les caméras de vidéosurveillance ?

Le 29 janvier 2012, une petite fille s’est étranglée avec son écharpe prise dans les rayons de la moto de manège sur laquelle elle faisait un tour. C’était au jardin d’acclimatation à Paris. Toute la scène a été filmée par les caméras de vidéosurveillance. Aucune alerte n’a été donnée, la petite fille a été entre la vie et la mort. Question : que faisait le type qui se trouvait derrière la batterie de caméras qui surveillent vos allées et venues ?

Bilan de la vidéosurveillance à Puteaux : 8 millions d'euros dépensés pour... cinquante-trois enquêtes en 2011, données fournies par la police nationale. Il n’y en avait eu vingt-deux en 2010. Où l'on vérifie que si les caméras de vidéosurveillance ne servent à rien, elles n'en font pas baisser les infractions pour autant.

Cinquante-trois réquisitions sur un an, cela fait à peine plus d'une réquisition par semaine pour une commune de 45 000 habitants ! Le réseau comporte 166 caméras [ 1 caméra pour 250 habitants ], cela fait 2 caméras sur 3 n'ayant jamais servi dans l'année aux enquêtes de la police nationale ! Considérant l'investissement réalisé par la municipalité - plus de 8 millions d'euros investis sans compter l'entretien et le fonctionnement - cela fait beaucoup d'argent dépensé pour un résultat très maigre ! C’est Christophe Grébert, bête noire de la maire de Puteaux, ancienne suppléante parlementaire de Monsieur S. Sarkozy, qui nous le dit, et on peut le croire.

On entend déjà qu’un grand mouvement de population se dessine pour aller habiter à Niederschaeffolsheim, la commune où c’est sympa, la commune où on essaie de mettre de l’huile dans les rouages sociaux, la commune où on sait gérer l’argent des impôts sans le mettre dans des trucs qui ne servent à rien.

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