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pumpernickel

commentaires satiriques de l'actualité wissembourgeoise

"conseil d'alsace" ou l'emportement général – § 5 : unité, efficacité et proximité

Vous pouvez retrouver d'un clic sur le lien les précédents articles des 8 mai 2011, 10 mai 2011, 22 mai 2011 et 23 mai 2011.
Alors comme ça, ce serait fait, et nous devrions voir les 3 collectivités alsaciennes fusionner à l’horizon 2014 pour faire les sempiternelles économies d’échelle que la centralisation régionale est censée nous apporter. La première des initiatives seraient de rassembler ce qui a trait au tourisme et à l’industrie pour en faire de véritables ministères régionaux. Ne vient-on pas d’entendre le boulanger d’Ingwiller se répandre sur les ondes de la radio de service public ce lundi 14 novembre, au journal de 13h00 pour aligner tous ces lieux communs auxquels il nous a habitués.
Et que je te fais le catalogue de toutes les solutions de formules d’intercommunalités possibles, histoire de la jouer “ technique ” [ le plus amusant, c’est que la journaliste qui l’interroge, Madame C Servajean, n’a pas l’air de s’ennuyer durant l’exercice ] et de faire la preuve qu’il est pour la diversité des situations ;
puis il nous traite d’ignorants en prétendant qu’il y a trop de strates dans notre pays, et que nous nous y perdrions [ alors que lui, le boulanger, il aimerait que les citoyens comprennent mieux, ben voyons !  ] ;
puis il passe aux travaux pratiques en se mettant à la place d’un président d’association  [ tiens, pourquoi un président ? ] qui n’aura plus besoin de faire 2 – 3 dossiers pour s’adresser aux responsables politiques ; et que je t’ajoute que pour le chef d’entreprise ;c’est pareil ;
puis il y a le mot qu’on lui a dit de placer à tout prix, c’est “ simplifier ” pour ajouter dans la foulée que cette expérience est observée d’un œil intéressé par d’autres collectivités … comme le CESER Nord – Pas-de-Calais [ on précisera que les CESER sont des assemblées de représentants de corporations cooptés ] ;
pour conclure qu’une très large majorité des Alsaciens souhaite ce regroupement qui permettra de faire des économies, tout en démontrant que lorsqu’on en a la volonté, on peut aller de l’avant [ car tout le monde sait que se contenter de ce qui existe et fonctionne, même imparfaitement, c’est faire du surplace ; que le surplace, c’est la marche arrière ; cela fait penser à cette affiche de Loesje, “ croissance : mais quand donc l’économie sortira-t-elle de l’adolescence ? ].
Comme nous n’avons pas compris, Madame C Servajean le relance sur les économies attendues pour lui donner l’occasion de nous dire qu’il y aurait en Alsace 6 services chargés de l’économie, et que grâce à son idée, on va supprimer les doublons, trios et autres sextets pour réinjecter du personnel là où on en aura besoin. Ensuite, on nous explique que le “ pack que forment les 3 présidents de ces collectivités ” va présenter le même texte le même jour aux 3 assemblées, ce sera le 1er décembre prochain, puis on passera au referendum. Là, on va le citer, parce que ça vaut le coup, mais vous pouvez l’écouter, ça commence à la 15ème minute :
“ … il faut ensuite passer au référendum avec 25% des inscrits comme résultat dans chaque département, c’est-à-dire qu’il faut que 50% de la population aille voter et 50% de la population qui est allée voter doit s’exprimer favorablement, et à la suite de cela, on peut enclencher tout le dispositif effectivement de mise en place du conseil sachant que le conseil se met en place en 2014 lors du renouvellement. Par contre, pour préciser comment fonctionne, pour préciser le mode d’élection, pour préciser comment on va s’organiser pour réorganiser les services, eh bien, ça nécessitera à un moment donné une loi spécifique, par exemple quelles sont les compétences complémentaires que de l’État on peut transférer à cette collectivité, comment est-ce qu’on va s’organiser…
Effectivement, beaucoup de choses à prévoir, l’interrompt la journaliste qui voit la pendule tourner et a sans doute plus important à nous entretenir, sans compter qu'elle doit être aussi perdue que les auditeurs,
Encore à faire, conclut Monsieur le ministre, avant que la journaliste ne conclue en constatant qu’il y a encore beaucoup à faire ”. On allait le dire, mais que ceux qui ont compris quelque chose lèvent le doigt..
En écoutant cela, on s’aperçoit qu’il y a loin de la coupe aux lèvres, et que tout le tintamarre autour de cette création qui va révolutionner le paysage institutionnel français est pour le moins surdimensionné. D’abord, il n’y aura pas de débat, de vrai débat, avec des "pour" et des "contre", dans un ensemble complètement bétonné par une presse régionale qui va y aller à fond dans le sens du vent. Les Alsaciens au nom desquels Monsieur P. Richert prétend s’exprimer ont été largement tenus à l’écart de toute la phase préparatoire, tout comme ils n’ont été acceptés que comme public lors de la grand-messe de mai dernier. À l’époque, ce sont les élus qui se sont relayés à une tribune où le temps leur était compté et où chaque opinion contradictoire était plus ou moins brocardée au nom de la bien-pensance régionale.
Peut-on aussi parler des réalisations du personnage qui est le promoteur de cette idée du siècle, et qui nous vend la peau d’un ours dont il parle sans être capable de nous en donner l’âge, la taille et la masse. Tout dans son propos est à sa mesure : xyloglosse à tous les étages, enfilage de stéréotypes à tous les coins de phrases, et surtout confusion des genres sur fond de mise à l’écart de la réalité, en particulier politique du pays. Monsieur le gindre ne tient pas compte d’une réalité qui lui a complètement échappé, l’alternance sénatoriale ! Pour quelqu’un qui en a été l’un des questeurs, c’est pour le moins impardonnable. Et quand il parle, il ne peut s’empêcher de faire référence … au conseil général du Bas-Rhin, preuve s’il en fallait encore, qu’il est loin d’avoir fait sa mue de président du conseil régional.
Et d’ailleurs, quel est son bilan au conseil général du Bas-Rhin ? Lui qui avait choisi comme premier vice-président le conseiller général du canton de Wissembourg, ex-futur président territorial comme l’a appelé le premier journal d’information d’Alsace.
Peut-on parler de ces fumeuses maisons du département, sortes de sous-préfecture du pauvre où on pratiquerait le “ guichet unique ” et où nous devrions trouver les “ services ” de l’assemblée départementale. Localement, cela se résume, en lieu et place de l’occupation du prestigieux palais Stanislas, à un 1er étage sans ascenseur où on verse un loyer au conseil de fabrique local pour que le titulaire puisse y tenir, de temps en temps, ses permanences électoral(ist)es. Ça, c’est la réalité des faits.

Alors, le boulanger peut y aller de ses « Nous allons pouvoir construire un projet global pour l'Alsace, avec la prise en compte des grands dossiers et une nouvelle gouvernance ! » [ parce qu’il ne sait pas qu’en français, governance se dit gouvernement ; le Figaro du 13 11 11 ], en concédant, comme ce matin à la radio qu’il allait falloir « définir une nouvelle répartition des compétences avec les agglomérations et les intercommunalités ». Le pire là-dedans, c’est le jeu de l’opposition de gauche qui a cru pouvoir tirer parti du piège tendu par celui qui roule tout le monde dans la farine. Elle a voté comme un seul homme, avec les écolos locaux tendance réalos, le texte présenté, en croyant qu’il fallait donner d’elle-même une image pragmatique de politiciens responsables capables de s’accorder sur des grands principes. Le problème, c’est que le seul principe qui vaille ici, c’est le principe de Richert, autrement dit “ à nous, les roués ! ” avec une cuillerée pour Charles [ Buttner, le président haut-rhinois ] et une cuillerée pour Guido [ Guy-Dominique Kennel, le président bas-rhinois ]. Les dindons, ce seront Jacques [ Bigot, maire d’Illkirch, président de la CUS et déserteur du conseil régional ] et Roland [ Ries, maire de Strasbourg et sénateur du Bas-Rhin ]. Ces deux-là n’ont pas compris que la gauche une fois aux manettes, l’an prochain, toute la construction du président de la seule région métropolitaine encore aux mains de la droite va s’écrouler avec l’abrogation de la loi dite de réforme des collectivités territoriales, loi contre laquelle les grands électeurs ont voté lors des dernières élections sénatoriales. Le ministre alsacien se voit déjà traitant d’égal à égal avec ses “ homologues ” d’outre-Rhin à la tête d’une région aux compétences élargies compagnonnant avec le “ transnational multipolaire, réduisant le millefeuille administratif pour mieux répondre aux enjeux des territoires [ 20 minutes du 13 11 11 ], rien que ça. Cela fait irrépressiblement penser au multidimensionnel étriqué d’un dessin de Sempé !

Il y a déjà deux grains de sable dans le bel engrenage imaginé par celui qui nous a refilé il y a 3 ans sa vieille DDE de la rue des 4-Vents contre notre magnifique demeure du début du XVIIIème siècle : ce sont Roland et Jacques qui s’inquiètent d’un possible transfert à Colmar de l’exécutif du machin nouveau de Philippe. Si c’était le cas, ils ne pourraient adhérer au projet. Aïe, aïe, aïe, ouille, ça commence à coincer. Et si on a bien compris, pour ménager les susceptibilités de clocher, on va nous rejouer au choix, la querelle Nancy contre Metz [ ça va rajeunir tous les nostalgiques du mouvement des réformateurs ! ] ou celle du siège des institutions européennes avec la balade entre Bruxelles [ mais comme cette ville n’est plus la capitale d’un pays, autant qu’elle soit celle de la nouvelle formule de l’empire austro-hongrois ] et Strasbourg qui va devenir, si on s’en remet aux projets de maître Philippe, chef-lieu supplétif de la nouvelle entité. Et laissons au président du conseil général du Haut-Rhin le soin de conclure : il faut un polycentrisme en Alsace où la politique ne doit pas être réduite à un seul lieu. Rien à dire, voilà quelqu’un qui a le sens de la formule !

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