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pumpernickel

commentaires satiriques de l'actualité wissembourgeoise

conseil d'alsace – Boulangie : le tohu-bohu – J – 18 jours ! – § 41

Sacrée journée que ce premier jour du printemps, qui sonne comme la mobilisation dans le camp boulangien qui semble ne plus entrevoir l’avenir avec autant d’aplomb que les semaines précédentes. On fait donner les réserves, mêmes les plus futiles, ou les moins crédibles, pour se persuader que tout va bien, tout va mieux, et que nous vaincrons car nous sommes les plus forts.

Commençons par l’éclat de rire dont l’écho n’a pas fini de s’estomper suscité par l’opinion de Monsieur A. Schneider, député du Bas-Rhin, qui doit son siège à l’opportun ajout de quelques cantons ruraux à sa circonscription électorale. En voilà un qui va sûrement se prononcer pour une "représentation équilibrée" des différents courants de pensée dans la future assemblée régionale qu’il fait mine d’appeler de ses vœux. Puisant aux meilleures sources du comique gaullien, il nous ressort le "oui franc et massif" qui risque d’être oblique et étriqué, du fait de la méthode que les amis de ce personnage ont choisie pour fabriquer une chimère dont l’utilité n’apparaît à personne d'autre qu'eux. Comment se situer par rapport à ces propos pompeux, creux et vaniteux : "Nous devons un « oui » franc et massif à nos enfants, car il importe de leur permettre de se former aux métiers comme aux langues étrangères de la façon la plus optimale possible. C’est depuis l’Alsace qu’ils auront à construire leur vie et à conquérir la France, l’Europe, le monde…". Est-ce parce qu’il ignorait que l’on avait trouvé de possibles traces de vie sur Mars qu’il a l'oubliée dans son énumération ? Sans vraiment prendre la mesure des choses, il avoue lui-même que toute cette affaire a été l'initiative d'un agglomérat de présidents de conseils généraux et régional, de parlementaires et d’élus [ qui n’avaient pas reçu mandat pour le faire, on ne le répètera jamais assez ] et qu’il serait peut-être temps qu’une adhésion populaire massive, pour reprendre les termes de son emportement, vienne porter ce "machin".
On est en plein chaos, mélangeant les sujets, confondant les priorités, brouillant les repères, stigmatisant les oppositions. À l’entendre, il faudraitt unir les assemblées d’Alsace pour qu’elles soient efficaces. On est tout de même tenté de leur demander ce qu’il s’est passé jusque-là : serions-nous gouvernés par de dispendieux incapables multipliant les structures pour multiplier les indemnités ? Si c’est le cas, alors c’est incroyable et il faut absolument s’abstenir de leur confier quelque responsabilité que ce soit, les congédier au plus tôt, et en élire d’autres qui auront l’intérêt collectif chevillé au corps et mettront toute leur énergie à faire fonctionner convenablement de qui existe avant de se lancer dans on ne sait quel projet imprudemment qualifié de révolutionnaire.
Pour le reste, à part quelques envolées forcément lyriques qui ne parviendront à impressionner quiconque, son texte, ou du moins ce texte qui porte sa signature, est une réécriture de ce que nous avons à lire depuis des semaines, sans que rien de nouveau n’apparaisse.

Comment, vous ne connaissez pas le mouvement européen Alsace et son président, encore un, Monsieur F. Friederich ? C’est dommage, car voilà un homme qui a le courage de ses opinions, surtout quand il s’agit de reprendre celles du pouvoir dominant. Il mériterait cette brosse à reluire hebdomadaire décernée par le Canard enchaîné, ou encore mieux, cette laisse d’or que le défunt Plan B offrait à tous les larbins de la bien-pensance établie. Citons ce courageux : "Le président Richert a eu raison de se lancer dans l’aventure visionnaire du conseil unique d’Alsace et il faut rendre hommage à sa ténacité ainsi qu’à celle des présidents Kennel et Buttner et de la très grande majorité des élus locaux qui offrent aux Alsaciens une chance unique de renforcer notre région."
Rendez-vous compte, ces visionnaires tenaces offrent [ sic ] aux Alsaciens une chance unique de renforcer notre région. Ça ne s’invente pas. Et c’est à ce genre de discours que l’on offre des colonnes entières de journaux, pensant que nous allons nous laisser convaincre. Ce type, parfait inconnu, sauf des cercles du 1% régional-localiste boulangien, glose sur un siècle à écrire en brocardant le précédent qu’il affecte de connaître. Il nous donne aussi le fonds de sa "pensée" : une Europe des régions, permettant aux diversités régionales de s’épanouir aux côtés des États qui composent l’Union européenne. Allons, allons, déboutonne-toi, et dis-nous plus simplement que ton objectif c’est une Flandre ethniquement pure, un Piémont barricadé, une Catalogne bunkérisée, et surtout la fin des dispositifs de solidarité tant au plan national qu’au plan européen. Et on ne vous parle pas de la coopération Nord-Sud ! Mais lui, l’immense Monsieur F. Friederich, il a son rond de serviette à la table du personnel du service de propagande boulangienne et de son bras médiatique quotidien régional.

C’est toujours pareil, il faut bien donner le change, et faire en sorte que le bon Peuple, celui que l’aimerait tant dissoudre pour en élire un autre [ B Brecht ], ait tout de même l’impression que la forme est préservée. Alors, on laisse ici et là quelques confettis interstitiels de libre parole à quelques individus que l’on pourra alors exhiber comme autant d’alibis lors des protestations d’honnêteté qui ne manqueront pas d'être brandies. Dans ce contexte, les partisans du "non" ont admirablement bien joué, contournant les obstacles que les oui-istes avaient mis sur leur route. Avec quatre groupe constitués, ils occuperont la majorité des panneaux électoraux, donnant une autre idée du rapport de force en constitution. Saluons comme il le convient la démarche d’un honnête homme, Hugues Stoeckel, plus préoccupé par les "menaces écologiques majeures comme le réchauffement climatique, le déclin des ressources énergétiques et minières, l'effondrement de la biodiversité, le risque nucléaire, la montée des pollutions, le recul des terres arables, le dépeuplement des océans, l’inertie de l’idéologie productiviste ou l’insatiable appétit de richesse d’une minorité prête à abolir les démocraties qui voudraient la forcer au partage" que par le résultat de ce référendum qui ne sera d’aucun effet sur ces sujets d’importance vitale. Les Déhaina, qui ont tout compris à l’engagement de Hugues Stoeckel, n’oublient pas de ponctuer son communiqué d’un "il ne précise pas s'il votera "oui" ou "non" au référendum" qui les honore. C’est du grand art journalistique qu’il convient de saluer. En permettant à un courant de pensée dont il n’épouse peut-être pas entièrement les thèses, il administre une belle leçon de démocratie et envoie un message d’intelligence à un certain nombre de bavards qui en ont grand besoin et qui pourraient apprendre à commencer par se taire. Objectivement, sa démarche écrase toutes les autres et il manifeste une personnalité trempée comme il n’en existe pas énormément dans le bestiaire localiste.
Dans ce contexte, le point de vue d’un ancien conseiller municipal qui met ses pas dans ceux de ces adversaires jusqu’à en reprendre leur logorrhée d’experts techno-branchouille ne parvient pas à donner un semblant de densité à ses arguments. Que nous importent la comparaison des taux d’endettement des deux départements ? À quoi sert de brandir des différences de volume de dépenses sociales en-deçà et au-delà du Giessen ?
En mettant le débat au niveau qui doit être le sien, celui d’une vision élargie, généreuse, solidaire et humaniste, Hughes Stoeckel a pointé l’insuffisance chronique du projet boulangien qui ne propose rien d’autre que de s’inscrire dans l’illogique libéraliste de mise en concurrence, de replis sur soi, de forteresse assiégée ou de glorification de racines fantasmées [ n’a-t-on pas lu dans les Déhaina, à l’occasion de la relation de la soirée d’ouverture du festival "E Friehjohr fer unseri Sproch", que l’alsacien, en plus d’une langue, était une croyance ! voir édition locale du 19 mars 2013 ].

Mais à quatre panneaux électoraux contre trois, la lutte est peut-être un peu moins inégale.

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