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pumpernickel

commentaires satiriques de l'actualité wissembourgeoise

Conseil municipal du 18 octobre 2006

Vous devriez être plus nombreux à y assister, car ce que l’on y voit et ce que l’on y entend mérite d’être partagé par un public plus étoffé.

Cette fois-ci, nous avons eu le plaisir d’accueillir Monsieur le Chef de Poste de la Police municipale de Wissembourg qui a fait une entrée volontairement remarquée et martiale à 17h50 pour venir s’asseoir tout à fait par hasard à côté du représentant de la presse satirique, bras croisés et jambes écartées, regard fixe sur le président de séance, pour repartir une quinzaine de minutes plus tard. On s’interroge encore sur la raison de cette présence, alors que le public, étonnamment nombreux (une petite dizaine de personnes) assistait débonnaire et silencieux aux « exposés » des différents intervenants. Faut-il faire un parallèle entre cette manifestation d’autorité et le stationnement d’un vélo rose devant la mairie ? Toujours est-il qu’une atmosphère plutôt désagréable semble se mettre en place, traduisant une certaine fébrilité de la part de ceux qui à défaut d’inspirer l’autorité se contentent de manifester qu'ils détiennent le pouvoir.

Un rapide coup d’œil sur la droite m’a permis de vérifier que les cartons d’exemplaires de la gazette avaient disparu. Mais l’information (en particulier le tirage de ce prospectus et l’estimation de son coût) est déjà dans les boîtes à lettres des destinataires de Pumpernickel.

Le conseil était précédé d’une présentation par les représentants du « comité des fêtes » des « festivités » organisées pour la période de fin d’année. Grande nouvelle, le sapin arrive le 15 novembre, et dès le 2 décembre, l’avenue de la Sous-préfecture sera occupée par les maisonnettes accueillant une petite trentaine de marchands de produits de décoration. Un spectacle déambulatoire sera également reconduit du fait de son succès « conséquent » (sic) de l’an passé [ il serait temps de rappeler la signification de ce terme qui agit ou raisonne avec esprit de suite, qui fait suite logiquement à quelque chose, cf. Le petit Robert, [voir P.S.] et qui devient une sorte de tic de langage qui ne facilite pas la compréhension des propos ]. On passera sur l’originalité de ce qui est projeté ainsi que sur le couplet rituel sur l’appel aux bénévoles censés faire la courte échelle aux partenaires publics ou privés, pourvoyeurs de fonds pour signaler que l’ensemble coûtera 42 000 euros et que 46 000 euros de « recettes » sont attendus de tout ça. Remarquons que « recettes », c’est aussi les dizaines de milliers d’euros de subventions (22 000 de la part de la mairie, 3 000 de la Région et … 3 000 d’encarts publicitaires, soit 28 000 euros, soit 60% des fameuses recettes…) qui ne sont que des transferts d’argent, public pour la grande part, de la caisse des collectivités vers un comité qui en est l’émanation. Monsieur le Maire s’est une fois de plus offert l’une de ces conclusions dont il a le secret qui a le mérite de plonger ses auditeurs dans l’alternative suivante : perplexité ou somnolence.

Il est 18h05, et l’arrivée de l’AWPLR (avatar wissembourgeois de la presse locale de révérence) donne le départ de la séance. Ils ne sont que 18 autour de la table, même pas les 2/3, ce qui pose tout de même la question du sérieux de ce genre de cérémonie. Même si la plupart a pris la précaution de signaler son absence en donnant procuration, on peut s’étonner que le maître de cérémonie n’ait jamais un mot pour rappeler que l’assiduité est l’une des règles qui s’impose aux élus.
Point 1 : tout le monde est d’accord pour voter un peu moins de 700 000 euros pour l’aménagement du futur lotissement confié au bureau d’étude BEREST qui fait un come back remarqué dans l’univers municipal. Il y avait longtemps qu’on ne l’avait plus vu celui-là. Bienvenue !
Point 2 : 36 000 euros d’avenant pour le surplus de travail occasionné par l’imprévision de l’équipe des pros dans l’histoire de la construction des nouveaux tennis. Il n’y a eu que Serge Bordier pour relever les ratages et les occasions manquées, mais, nous a expliqué Monsieur le Maire, tout a été fait pour le mieux. Et on conclura sur sa formule maintenant historique, qu’après tout, ce ne sont que quelques dizaines de milliers d’euros ! Et encore espère-t-on que tout se passe bien pour la suite, car il ya encore quelques autorisations d’urbanisme à demander comme le stipule la note de synthèse remise aux conseillers municipaux.
Point 3 : quelques milliers d’euros (2 734 HT) vont être dépensés pour l’aménagement d’une aire de jeux pour les enfants. Remarquons que pendant que l’on parlait de mise en sécurité, l’adjoint chargé de cette difficile question est sagement resté silencieux, et d’ailleurs plus personne ne doit savoir qu’il est chargé de cela car nul n’a eu l’idée de solliciter son avis. En revanche, l’adjointe à l’environnement a répondu à une question qui lui était indirectement posée puisqu’en tant qu’ancienne directrice d’école, c’est elle qui s’occupe du conseil des enfants. Cette grande confusion des genres et des attributions doit être tout à fait normale, il suffit de s’y habituer. Adopté !
Intéressant point 4 qui a vu le conseil municipal tirer un trait pudique sur ce qui ne nous a coûté que quelques dizaines de milliers d’euros, selon la formule du maire reprise dans le compte-rendu du conseil municipal du 12 septembre 2006 remis aux conseillers municipaux (page 12). En fait de quelques milliers, ce sont près de 90 000 euros HT que cette grosse erreur aura coûté. Et là, pas un mot d’excuse, de regret, de contrition, rien, on attend. Et rien ne viendra, en direction de ceux qui doivent se débattre avec les traites, les impôts en hausse constante, les notes de gaz qui flambent, l’alimentation qui s’envole (même le petit Nicolas le reconnaît !). Non, ils se contentent de dire que si on en remet ici, c’est qu’on va en enlever là. Ce sera l’éclairage de piste cyclable, les LED de signalisation et quelques espaces verts qui vont payer la note. Et le tour est joué. Mais que l’on se rassure, il existe en ville un petit journal qui a de la mémoire, et qui, à l’instar de ce qui s’est passé lors de la démolition d’un bâtiment amianté ou de la vente d’un bâtiment public, saura rappeler, en temps utile, quelques vérités qui énervent déjà les détenteurs actuels d’un pouvoir qui semble leur filer entre les doigts. Mais là encore, à part Serge Bordier, personne ne semble vraiment intéressé par ce qui se passe. Sauf lorsqu’il demande qui paie le parc de stationnement privé devant les Caves de Wissembourg. Là, c’est la bronca ! Et Monsieur le Maire de se lancer dans l’une de ses explications dont on ressort groggy. De tout ce qui a été, longuement, exposé, il ressort que nous aurons le droit d’utiliser le parc de stationnement pour garer notre voiture en cas de covoiturage (c’est la 1ère fois que j’entends ça, et pourtant je me tiens au courant) ou notre camion si nous passons la nuit ou le week-end à Wissembourg. Bon ! Enfin, Serge Bordier s’est fait reprendre parce qu’il n’avait pas écouté les dernières fois, et Monsieur le Maire s’est élevé bruyamment contre ses élucubrations (dont les lecteurs de Pumpernickel savent depuis de longues années qu’il s’agit de théories laborieusement édifiées la nuit et peu sensées) et ses mensonges, « faux, totalement faux, je prends tout le monde à témoin » (ça, c’était quand Serge Bordier a dit qu’il n’y avait pas eu moyen de discuter réellement des projets). Comme Serge Bordier n’en est plus à ça près, il n’envisage pas de porter plainte pour diffamation. Mais tout ça, toutes ces dizaines de milliers d’euros prélevées chez chacun d’entre nous, particuliers et entrepreneurs, ce n’est manifestement pas très important, alors autant les dépenser, et le plus possible. Ce qui fut fait dans une belle presque unanimité après un interminable rappel des additions sur les largeurs des camions, des vitesses qu’il faut réduire et des roues arrières des semi-remorques qui ont un rayon de braquage inférieur aux roues du tracteur. On se serait cru au cours élémentaire.
Point 5 : c’est la distribution aux associations dont « on accompagne le travail, sans s’immiscer dans leur fonctionnement ». Là, c’est de la gestion, donc tout le monde est heureusement d’accord.
Point 6 : gestion de la forêt.
Point 7 : où l’on apprend que les droits d’entrée perçus lors de la fête de la Pentecôte 2005 ont rapporté 10 400 euros. Et Pentecôte 2006 ? Cette somme est reversée au syndicat d’initiative.
Point 8 : nous bénéficions tous d’une ristourne de 2 euros parce que nous n’avons pas eu d’eau pendant 5 jours. La commune « perd » ainsi 4 600 euros, ce qui revient à dire qu’il y a 2 300 compteurs en ville (soit deux fois moins que de boîtes à lettres puisque la gazette est tirée à 4 250 exemplaires) et que la consommation moyenne est de l’ordre de 146 euros, l’abonnement n’étant évidemment pas compris dans ce rapide calcul.
Les points 9, 10, 11 & 12 relèvent de l’administration et ne provoquent aucun débat (décisions budgétaires, vente de logements OPUS, remise de majoration de taxe, acquisition de parcelles, créances irrécouvrables). Sur ce dernier point, on a tout de même entendu le 1er adjoint dire que la ville allait écrire aux communes où résident les personnes qui ont déménagé de Wissembourg en y laissant une ardoise pour qu’elles sachent qui elles ont maintenant chez elles. Tout le monde semble trouver cela tout à fait normal, alors moi aussi, évidemment.
Au point 13, on s’intéresse au régime d’indemnité des policiers municipaux qui pourront prétendre à ce complément de rémunération.
Monsieur le Chef de Poste de la Police municipale de Wissembourg ayant subi avec succès les épreuves d’un examen lui permettant de changer de classe, le conseil municipal se prononce au point 14 pour la création d’un chef de service de police municipale classe supérieure. Pumpernickel adresse à l’impétrant ses plus vives et respectueuses félicitations.
Toujours au point 14, la création de deux postes d’agents de proximité. C’est marrant comme à Paris, l’UMP tire à boulets ramés sur la police de proximité, et quand elle est aux manettes à Wissembourg, elle reprend l’idée. Curieux, non ? Bref, pour l’équivalent du SMIC, ils suppléeront la police dans des tâches comme la sécurité aux sorties d’école, ce qui permettra à nos uniformes bleus de patrouiller en ville pour débusquer délinquance et incivilité. Ils sont recrutés pour un an avec des chances de terminer comme cet ancien emploi jeune qui est devenu policier municipal.
On va enfin finir par se sentir en sécurité à Wissembourg, et ça, grâce aux efforts conjugués de Monsieur le Chef de Poste de la Police municipale de Wissembourg et de Monsieur le Maire de Wissembourg. On est tous rassurés.
Les points 15, 16 & 17 relèvent de l’administration.
Point 18 : mine de rien quand on fait le total, le maire a signé pour 277 631 euros de marchés depuis le 29 mai 2006 en vertu des délégations qui lui ont été données les 27/03/01, 14/01/02, 26/09/05 et 12/09/06.
A lui tout seul, Monsieur Rizotti, que l’on ne présente plus aux lecteurs de Pumpernickel prend 45 283 euros, soit 16% du total. C’est bien le moins pour quelqu’un qui a remporté un « marché de prestations intellectuelles pour la réalisation des études de diagnostic dans le cadre du projet de réhabilitation des remparts ».
Un dernier mot sur la forme, on peut dire qu’à Wissembourg, on manque singulièrement d’orateurs, et que le lyrisme est quasiment absent des propos des intervenants, les phrases sont rarement construites selon les schémas classiques (sujet, verbe, compléments et proposition subordonnée en phase avec la principale, ce qui ne facilité pas la compréhension des propos trop souvent parsemés de digressions dont on peine à démêler tenants et aboutissants), certains sont même carrément inaudibles quand ils lisent la note de synthèse qu’on leur recommandera de préparer plus assidûment. Il est urgent de manifester aux citoyens, électeurs ou non, le respect qui leur est dû, et qui font l’effort de venir assister aux séances en travaillant l’élocution et la construction des interventions des principaux animateurs de la soirée. Le spectacle y gagnera en qualité, ce qui ne manquera d’en faire le rendez-vous des Wissembourgeois.

P.S. : c'est par une sorte d'homophonie qu'on confond conséquent et consistant pour exprimer qu'un événement a remporté un succès "conséquent", ou qu'un produit a été réalisé en quantité "conséquente". Mais les deux mots sont l'un comme l'autre inappropriés, et il vaudrait mieux se contenter de l'adjectif "important", ou encore évoquer une quantité substantielle.

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