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pumpernickel

commentaires satiriques de l'actualité wissembourgeoise

conseil municipal du vendredi 27 mai

J’ai l’impression de n’avoir que trop compris ce qui se passait lorsque vendredi soir je me suis assis sur les bancs du public, salle Jean-Monnet. Monsieur R. Clavé démarrait un exposé qui s’inscrit dans le processus de la reprise en main par les services préfectoraux de la coopération intercommunale, autrement de la recentralisation de la décentralisation. Les lecteurs de ce blog, eux, n’auront eu aucun mal à suivre puisque le sujet avaient déjà été abordé dans deux articles les 21 et 22 avril derniers, lors du commentaire d’articles parus dans le plus flagorneur de premiers quotidiens d’Alsace. Cette personne dont il a été dit qu’elle faisait un stage à la com’ de com’ a réalisé un exploit probablement unique en son genre, faire une présentation assistée par ordinateur sans ordinateur ! C’est un peu comme le saut à l’élastique sans élastique, c’est-à-dire que ce n’est pas dénué de risque, en l’occurrence de générer un grand ennui quand on vous entend énumérer “ diapo 3 … ”,… “ et maintenant diapo 8 … ”. il avait néanmoins l’air très content de sa formule “ réaliser l’équilibre entre les exigences de l’unité et la légitimité de la diversité ” qui n’est pas sans rappeler l’aphorisme du grand Antonio Gramsci selon qui “ il faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté ”. Chacun appréciera la profondeur des énoncés à leur juste valeur. Comme Pumpernickel vous l’avait déjà dit, il ne s’agit de rien d’autre que de rationaliser cette carte des intercommunalités dont les services préfectoraux nous expliquent, après les avoir avalisés et soutenus lors de leur création, qu’ils sont trop nombreux, et immanquablement “ peu pertinents ”, comme dirait Monsieur R. Clavé lorsqu’il veut expliquer ce qu’est une masse critique, ce qui montre qu’il a tout compris. Que propose-t-on ? D’en réduire le nombre, pour leur donner ce nombre d’habitants sans lequel il n’existerait pas de salut. Peut-on leur rappeler que l’Allemagne fédérale éternellement convoquée à titre d’exemple compte parmi ses 16 Länder 3 Villes-États, dont Brême qui compte 650 000 habitants, que Sarre, Thuringe, Saxe-Anhalt, Schleswig-Holstein, Mecklenburg-Poméranie et Brandebourg ont moins de 3 millions d’habitants, et que cela ne les empêche de peser raisonnablement sur tant les décisions politiques que les choix économiques. Ajoutons que la fusion un moment envisagée entre Berlin et Brandebourg a été refusée par les citoyens, ce qui doit témoigner de leur part d’une grande myopie intellectuelle ainsi que de la méconnaissance des stratégies macro-économiques qui sont seules en mesure de nous sortir du pétrin dans lequel elles nous ont mis. Entendre alors qu’il est nécessaire de regrouper pour, citons-le, “ constituer des EPCI capables de mettre en œuvre des politiques publiques ambitieuses, pour répondre plus efficacement [ ils n’ont que cet adverbe à la bouche ! ] aux besoins des territoires [ à la tête desquels ils envisagent de nommer des gouverneurs ? ] et des populations [ connaît-on encore les citoyens et les administrés ? ], pour peser davantage dans les dossiers importants [ invariablement dans un contexte de concurrence, de lutte et de conflit ], pour mutualiser les moyens dans un contexte de restrictions [ à quand les tickets, et surtout pour qui ? ]. On a encore le front de prétendre que les conseillers communautaires seront élus au suffrage universel direct alors que le système du fléchage n’est rien d’autre que l’indication qu’au cas où le personnage figurant sur une liste de candidats à l’élection municipale serait élu, il serait alors de fait conseiller communautaire. Ce n’est évidemment pas du tout la même chose que d’élire directement des conseillers communautaires. Mais qui se pose vraiment la question ?
Pour “ rationaliser ” la carte intercommunale, on fait semblant d’entourer le préfet qui a, de fait, le dernier mot, d’une commission de 50 membres qui ne peut qu’amender, et pour que ce soit recevable, il faut que cela soit fait dans l’esprit de la loi [ ce qui tendrait à faire croire que cette loi, et ceux qui l’ont votée, ont un esprit, ce qui reste encore à démontrer ].
Au bout du compte, et après que Monsieur R. Clavé eut rappelé que le préfet, semblant découvrir ce que tout le monde sait depuis des lustres, voulait mettre fin aux activités des syndicats intercommunaux dormants qui ne servent qu’à distribuer des indemnités aux élus, histoire de jeter une pelletée de discrédit sur le cadavre encore tiède, on s’aperçoit du marché de dupe qui est la resucée de ce qui a été vécu au début des années 1970 lors de la mise en place de la commune dite associée d’Altenstadt : décision autoritaire, représentation tronquée de la commune avalée considérée comme quantité négligeable [ on se rappelle ces 70 000 francs d’investissements votés par un conseil municipal muet, et l’abstention des 3 conseillers d’Altenstadt qui n’ont même pas osé voté contre ; c’était au milieu des années ’80 ], et surtout quasi-impossibilité de revenir sur ce qui est de fait une oukase.
On avait déjà dit que la décentralisation Deferre était le fait d’un centralisateur qui avait mis en place un système permettant à la gauche, alors minoritaire dans les “territoires ”, de se constituer des bastions ou des baronnies où s’organiserait la résistance à une droite mauvaise perdante. Cette fois, c’est l’inversion des rôles, avec une droite à la ramasse, qui perd toutes les élections “ de proximité ”, et voit son contrôle sur le pays, “ les territoires ” remis en cause par le système qu’elle a elle-même mis en place au fur et à mesure des “ réformes ” quelle a fait voter par ses assemblées croupions. Alors, on fait donner la grosse artillerie, en faisant semblant de donner des gages soi-disant démocratiques, en brouillant les repères avec cette histoire de “ fléchage ”, indigne d’un pays de citoyens responsables. Une chose est sûre, les baronnies vont succéder aux féodalités, à moins que ce soit l’inverse, les pressions seront encore pus importantes sur les citoyens récalcitrants, l’égalité de traitement devant la loi ne sera plus qu’un vague souvenir, les exceptions ne seront plus que la règle, la subjectivité est d’abord gagnante, le pays est détricoté au profit d’un assemblage hétéroclite d’empilement plus ou moins disharmonieux de terroirs plus ou moins déphasés concurrents la plupart du temps, et quand ils sont partenaires, c’est pour faire la peau de l’intrus. Peu nous importe alors que la future com’ de com’ ait ces 30 000 habitants censés impressionner les 50 000 de Haguenau, eux-mêmes aux prises avec les 450 000 de la communauté urbaine de Strasbourg. On oublie l’essentiel, c’est-à-dire la nécessité de vivre ensemble, de pratiquer l’entraide, d’être attentif au sort de ceux qui nous entourent dont nous dépendons et qui attendent un geste de notre part. Mais qui s’en soucie ?

Tout cela n’a pas ému grand monde, surtout pas celui que l’on n’appelle plus que par son prénom, qui n’a trouvé à commenter que cette surprenante sortie d’entrée en séance du chef de file de l’opposition : mais pourquoi remettre tout ça sur le tapis, et qui plus est de la plus obscure des manières ?
Ou bien il y a des faits, et les relater n’a rien de diffamatoire, ce serait même respectueux pour ceux qui ne sont pas au fait de toutes les ragots qui circulent dans ces assemblées où l’on a manifestement beaucoup d’autres à faire que de s’occuper des problèmes que rencontrent les citoyens ordinaires. Et si ces faits sont éventuellement délictueux, pourquoi une plainte n’est-elle pas déposée afin que la justice éclaircisse la question, délimite les responsabilités et sanctionne le cas échéant.
Ou bien on en est aux cancans et le mieux, c’est d’arrêter, parce que même si la répétition est l’un des ressorts de la plaisanterie, cette histoire ne fait rire personne, même, elle doit affliger ceux qui se reconnaissent encore dans la parole d’un ancien maire qui a sans doute mieux à faire que de se focaliser sur une bricole en laissant tomber l’essentiel.
Toujours est-il que cette déclaration selon laquelle “ on ne dira rien, et on ne participera à aucun vote durant cette séance ” n’a aucun sens. D’autant que dans ce cas, le premier qui parle a perdu ! Ce qui a été le cas à l’occasion du vote sur l’embauche d’un ingénieur régisseur, quand le maire a dit que cela permettrait de ne plus avoir recours à la pratique d’avant, c’est-à-dire de louer du matériel au prix fort quand des animations avaient lieu en dehors de la saison culturelle. “ N’importe quoi ! ” s’est cru obligé de dire l’ancien maire qui rompait alors lui-même le serment qu’il avait prononcé, et avec quelle emphase.
On en a donc été là et toute la soirée s’est passée autour d’une gamelle de soupe à la grimace qui ne fait pas honneur à ceux qui n’ont pas le droit de choisir le mode de la gaminerie pour en découdre.
Pourquoi le maire, au lieu de répondre, et partant de se mettre sur le terrain de son adversaire, en sortant des “ chiffres ” qu’il pensait définitifs n’a-t-il pas choisi la voie de la conciliation en proposant que cette question, de l’utilisation d’un véhicule municipal pour autre chose que la vie municipale, soir traitée calmement en fin de conseil ? Cela aurait permis que l’ensemble des présents [ il y avait tout de même 8 absents, dont 3 de l’opposition ! ] de se prononcer unanimement contre la fermeture du service de pédiatrie de l’hôpital de Wissembourg. À moins que l’ancien maire, gêné aux entournures, n’ait trouvé cet artifice pour ne pas prendre part à un vote qui désavoue ses amis politiques …
Pour le reste, vous savez tout puisqu’il n’y a eu aucun débat, sauf quand l’un des conseillers d’opposition, ex-homme de gauche passé au service de la droite extrême-dure, a pris une parole qu’il s’était pourtant refusé quelques dizaines de minutes plus tôt pour aborder son cas personnel [ il s’agit de la mise en secteur piétonnier de la rue du marché aux poissons, et il pense qu’il ne pourra plus sortir de chez lui avec sa voiture ; par ailleurs, il a reproché, à juste titre, à la mairie de ne pas avoir invité les riverains à participer à la réunion de “ concertation ” consacrée au sujet ; il oublie évidemment qu’il a cautionné douze années durant la politique rétrograde et décalée de son ancien mentor dont il aurait aimé devenir l’âme damnée, il est donc totalement disqualifié pour quelque revendication que ce soit, en particulier lorsqu’il utilise la tribune qui li est offerte pour défendre son cas personnel ]. On s’est particulièrement ennuyé et j’ai pu partir de bonne heure pour aller au spectacle proposé par le relais culturel, Alice et Versa. Et je ne me suis pas ennuyé, loin s’en faut.

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